La thérapie par la réalité virtuelle pour combattre le burnout - AG Employee Benefits
Virtual reality as a cure for burnout - interview with Dr A. Bosteels

Publié le 08-11-2022

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La réalité virtuelle, remède au burnout ?

​​​​Entretien avec le docteur Arnaud Bosteels

​La réalité virtuelle (VR) peut-elle favoriser le processus de guérison du burnout et contribuer à la réintégration au travail ? Chez AG, nous le pensons. En 7 questions et réponses, le Dr Arnaud Bosteels explique comment le VR peut renforcer notre résilience.

1  Comment vous est venue l'idée d'utiliser le VR pour combattre le burnout ?

« Elle ne m'est pas venue du jour au lendemain. En tant qu'anesthésiste, j'utilise la réalité virtuelle pour aider les gens à se détendre, à soulager la douleur... En étoffant mes connaissances sur la réalité virtuelle, j'ai compris qu'elle fera surtout une différence en matière de santé mentale. 
Lorsque je suis devenu responsable de service, je me suis également intéressé aux méthodes permettant de prévenir le burnout chez les collaborateurs. Et j'ai été agréablement surpris lorsqu'un intervenant nous a expliqué lors d'une conférence qu'il était possible d'utiliser le VR pour adapter le comportement des gens. Elle peut permettre à quelqu'un d'analyser ses problèmes du point de vue d'une tierce personne. Il s'agit d'une piste très intéressante pour le traitement du burnout. Après avoir discuté avec des experts du VR et du burnout comme le professeur Lode Godderis, j'ai rapidement été convaincu qu'il y avait du potentiel dans ce domaine. »

2  Quel est le lien avec AG ?  

« J'avais déjà été en contact avec AG dans le cadre de la réorganisation de la structure des soins de santé à l'hôpital où je travaille, ainsi que pour l'accès des patients au VR et les possibilités de remboursement. Quand j'ai voulu travailler spécifiquement sur le burnout, AG s'est montrée très intéressée. Pour eux, il s'agit d'un problème majeur. Ils m'ont proposé de soutenir financièrement mon projet tout en impliquant leurs partenaires dans le processus, afin de me faciliter l'accès aux thérapeutes et aux experts qui travaillent sur le burnout. Comme le centre médical de Ternat où la professeure Sara De Gieter réalise des recherches scientifiques avec son équipe du département de psychologie de la VUB. Nous élaborons ensemble les protocoles de recherche. »

​<< Si on peut mieux préparer les gens à un événement difficile, le retour au travail se passera mieux. >> 

​​​​​​​  Comment fonctionne cette thérapie par VR ? Et quand est-elle applicable ? 

« Nous menons des recherches sur deux axes : la réintégration au travail après un burnout et la prévention. En ce qui concerne le premier point, j'ai commencé à développer un module de réintégration VR en concertation avec le professeur Godderis. Les gens expérimentent leur retour au travail de manière virtuelle, afin de mieux se préparer à la réalité. Le patient ressent différents facteurs de stress via le casque VR : des collègues qui viennent discuter, le manager qui demande de donner une présentation... Cette expérience VR est utilisée sous la supervision de son thérapeute et ils en discutent ensuite ensemble. Dans un deuxième temps, le patient peut emporter le casque VR chez lui pour s'entraîner. Nous en faisons donc un traitement médical, et c'est pourquoi la thérapie par VR doit être validée scientifiquement. 

Le deuxième axe, la prévention, est tout aussi important car les connaissances sur le lieu de travail concernant le burnout sont encore insuffisantes. Les signaux ne sont pas reconnus, les managers ne se rendent pas compte qu'ils créent une culture qui n'est pas idéale... Le développement d'une expérience visant à promouvoir les connaissances sur le burnout est une branche complètement différente de la technologie VR. Il a été démontré que nous nous souvenons mieux de ce que nous apprenons dans la réalité virtuelle que dans les livres. Les conseillers en prévention peuvent utiliser cette expérience VR lorsque les entreprises souhaitent former leurs managers à la prévention du burnout. »





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Supposons qu'il n'y ait pas de limites... Quel est votre objectif final ? 

« L'avantage du VR réside dans sa facilité d'utilisation. Tout le monde peut s'en servir. Ça ne prend pas beaucoup de place et les prix ont fortement baissé. Aujourd'hui, on peut acheter un casque VR tout à fait correct pour 250 euros. Le VR peut donc être mis à la disposition de toute personne qui en a besoin, dans le monde entier, pour éviter un burnout ou faciliter la réintégration. 
J'espère aussi qu'à l'avenir, nous pourrons offrir l'expérience la plus personnalisée possible. Pour y arriver, nous collaborons avec le leader du marché flamand dans le domaine du VR dans les applications médicales : One Bonsai. »

5  Voyez-vous des risques ou des obstacles spécifiques ? 

« Le premier obstacle est de vouloir aller trop vite et d'avoir trop confiance en son produit. Il faut croire en son produit, bien sûr, mais tant qu'il n'est pas testé, on ne peut pas dire qu'il fonctionne vraiment. Une validation scientifique est nécessaire. Cela prend beaucoup de temps, coûte de l'argent et est souvent fastidieux. Mais pour commercialiser quelque chose qui peut améliorer la vie des gens, vous devez être capable de le prouver.

Un deuxième obstacle consiste à vouloir aller trop loin dans l'expérience VR. Si les patients sont exposés à trop de facteurs de stress, ne risquent-ils pas de faire marche arrière dans leur processus de guérison ? D'un autre côté, c'est précisément l'intention, bien sûr : dans quelle mesure les patients sont-ils prêts à retourner au travail ? Il vaut donc peut-être mieux qu'ils fassent un pas en arrière après être retournés dans un environnement de travail virtuel plutôt que dans le monde réel. 
En bref, nous ne devons pas perdre de vue le véritable objectif : aider les victimes de burnout. Nous ne devons pas utiliser la technologie comme point de départ, mais toujours nous demander si l'étape suivante répond toujours à la demande. C'est un exercice de réflexion continue. »

6  La thérapie par réalité virtuelle peut-elle accélérer la reprise du travail ? 

« Je ne peux pas le confirmer pour l'instant, mais les dizaines de thérapeutes à qui j'ai présenté l'idée y voient vraiment un intérêt. Si on peut mieux préparer les gens à un événement difficile, le retour au travail se passera mieux. Même chose pour la prévention : le VR est utilisé pour enseigner des choses. Nous pouvons intégrer des émotions dans le processus d'apprentissage. Cet apprentissage par l'expérience permet de mieux se souvenir de tout. 
En ce qui concerne la réintégration après un burnout, cela reste à tester, bien entendu. Il faudra donc encore faire preuve de patience. Sinon, j'avais déjà quelques longueurs d'avance. Démontrer de manière objective que cela fonctionne, réussir une réintégration malgré une absence plus courte au travail, pour moi, c'est vraiment le Graal. Et si ça ne fonctionne pas, il faut aussi le démontrer. » 

7  Où en êtes-vous et quelles sont les prochaines étapes ? 

« La première étape de la validation clinique du module de réintégration VR passait par un test effectué par une vingtaine de volontaires. Nous leur avons demandé si l'expérience VR était réaliste, si elle leur donnait le sentiment d'être sur le lieu de travail et s'ils ressentaient également du stress dans ce monde virtuel. Pour cela, l'environnement virtuel ne doit pas être une copie exacte du lieu de travail. Le cerveau fait en effet facilement le lien. Et les résultats ont été positifs : d'une part, l'expérience VR a provoqué une augmentation du stress et, d'autre part, il a été constaté que les gens avaient vraiment l'impression d'être « au travail » et que la situation virtuelle semblait réelle. Ces résultats sont certainement encourageants, même s'il ne faut pas oublier que le test ne portait que sur un groupe restreint.

La deuxième étape, qui débutera prochainement, est une étude de faisabilité sur une douzaine de patients au centre médical de Ternat, un partenaire avec lequel AG collabore dans le cadre de ses programmes Return To Work. L'objectif est de coopérer étroitement avec les thérapeutes et leurs patients pour se faire une bonne idée de la facilité d’utilisation et de l'impact clinique du VR. Il s'agit d'une étape importante car elle nous permet de détecter et de résoudre les problèmes majeurs avant de passer à des tests à plus grande échelle. 

La troisième étape, qui débutera en 2023, est une vaste validation clinique. Nous comparerons deux groupes de patients victimes de burnout : avec et sans VR. Ces données cliniques sont évidemment essentielles pour démontrer la valeur du VR. En même temps, c'est aussi une première étape vers le marquage CE, un processus qui peut prendre jusqu'à deux ans.

Actuellement, l'accent est entièrement mis sur la réintégration. Cependant, il existe également une demande claire en faveur de capacités de prévention avec le VR. Et cette prochaine étape est plus proche qu'on pourrait le croire. Pour pouvoir un jour offrir le VR à tous les utilisateurs imaginables, je dois mettre en place une structure appropriée et rechercher les fonds nécessaires. Je travaille actuellement sur le modèle économique et je suis en train de constituer une équipe pour relever ce défi. Il s'agit d'un processus intensif, mais la possibilité d'utiliser une technologie innovante pour aider un grand groupe de personnes à progresser est une perspective fantastique. »

Merci pour cette discussion ouverte. Nous vous souhaitons bonne chance et nous attendons déjà avec impatience la suite !

​     Qui est Arnaud Bosteels?​​
  • Anesthésiste belge et fondateur de l'Unité de réalité virtuelle de la Clinique Saint-Jean à Bruxelles
  • Chercheur et dirigeant de Melimpus
  • Linkedin​


​L'incapacité de travail et le retour durable au travail sont des sujets qui tiennent à cœur d'AG Employee Benefits. C'est pourquoi nous avons lancé les trajets de réintégration Return To Work, qui connaissent un grand succès, dans le cadre de notre assurance revenu garanti Income Care​.

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