Interview avec Hans Maertens (Voka) sur les défis du nouveau gouvernement - AG Employee Benefits
Interview avec Hans Maertens (Voka) sur les défis du nouveau gouvernement

Publié le 27-05-2024

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Un gouvernement réformateur fort est nécessaire

​​​​​​​​Entretien avec Hans Maertens

Les élections approchent. Le prochain gouvernement aura fort à faire en matière de pensions et de soins de santé. Quels sont les besoins les plus urgents ? Nous avons posé la question à Hans Maertens, administrateur délégué du Voka, le réseau flamand des entreprises.

Quelles sont, selon vous, les priorités en matière de pension ?

Hans Maertens: "L'esprit d'entreprise occupe une place centrale au sein du Voka : nous représentons 18.000 entreprises en Flandre, soit 70 % de l'emploi. Notre mémorandum « Nu Ondernemen voor morgen » (N.d.t. : « Entreprendre aujourd’hui pour demain ») est clair : il faut agir maintenant pour demain et après-demain. Nous attendons donc des nouveaux gouvernements flamand et fédéral qu'ils mettent en œuvre les réformes nécessaires. Au niveau du marché du travail, des soins de santé, des pensions, de notre économie... On peut sans hésitation parler de réforme de l'État. Nous espérons qu'ils travailleront réellement à la refonte en profondeur de notre pays, de notre société, de notre économie et de nos politiques.

En ce qui concerne les pensions, l'actuel gouvernement Vivaldi a déjà pris des mesures, mais elles sont insuffisantes. Et pour être honnête, il semble même que la réforme actuelle des pensions coûtera plus cher que prévu. C'est également l'avis de la Commission européenne. Nous devrons donc vraiment reconsidérer les pensions et adopter les mesures nécessaires. Les personnes âgées sont de plus en plus nombreuses et le nombre de gens de plus de 80 ans doublera d'ici 2050. À ce moment-là, les dépenses de pension auront augmenté de plus de 3 % du PIB, ce qui représente un peu moins de 20 milliards d'euros supplémentaires en 25 ans. Des chiffres impressionnants. Une réforme immédiate des pensions est une nécessité absolue​."

Quelles mesures devraient immédiatement être mises à l'ordre du jour, selon le Voka ?

Hans Maertens: "Tout d'abord, des mesures qui motivent les gens à rester plus longtemps au travail. Bien que l'âge de la pension ait été relevé, de nombreuses personnes quittent encore le marché du travail de manière anticipée. Nous proposons notamment d'instaurer un malus de pension. Selon ce système, une personne qui part à la pension plus tôt recevrait un montant moins élevé. C'est déjà le cas, mais ce principe pourrait encore être renforcé, comme en Allemagne.

Une autre proposition consiste à augmenter automatiquement l'âge de la pension avec l'allongement de l'espérance de vie. Dans certains pays, si l'espérance de vie augmente de six mois, l'âge de la pension est relevé de deux ou trois mois. En outre, nous devrions essayer de réduire les périodes assimilées et supprimer petit à petit les régimes de fin de carrière, tels que le RCC (régime de chômage avec complément d'entreprise) et les emplois de fin de carrière. Nous devons également oser toucher aux pensions de la fonction publique." 

​​​"​Nous proposons notamment d'instaurer un malus de pension." 

​"Par ailleurs, les pensions devraient être plus activantes, notamment en raison de l'étroitesse du marché du travail. Le deuxième pilier peut être activant car il permet de se constituer une pension complémentaire. Je pense que nous devons faire passer un message plus clair aux travailleurs : c'est en travaillant qu'ils se constituent une pension. Non seulement par le biais du premier pilier, un système de répartition, mais aussi via le deuxième pilier, un système de capitalisation qui étale les risques dans les pensions. La combinaison de ces deux piliers permet de booster la pension. La seule pension légale expose de nombreuses personnes à un taux de remplacement insuffisant par rapport à leur revenu."

Pensez-vous qu'une cotisation de 3 % pour le deuxième pilier est suffisante ?

Hans Maertens: "Là encore, un débat est nécessaire. Nos entreprises, qui sont déjà confrontées à un handicap considérable par rapport aux autres pays européens en termes de coût salarial, craignent que l'augmentation des cotisations de pension du deuxième pilier n'affaiblisse encore notre compétitivité. Nous devrons donc trouver des solutions créatives, telles que des plans cafétéria qui permettent aux travailleurs de convertir une partie de leur salaire en une cotisation du deuxième pilier. Et pourquoi ne pas envisager d'utiliser une partie de l'indexation comme contribution au deuxième pilier ? (fronce brièvement les sourcils) Soyons clair, nous sommes opposés à la liaison automatique des salaires à l'indice. 

Non seulement il faudra trouver de nouvelles formes de rémunération, mais la majorité des employeurs est aussi demandeuse de plus de transparence en matière de rémunération. Aujourd'hui, si une entreprise cotise dans le cadre du deuxième pilier de pension, les travailleurs ne le perçoivent souvent pas comme un salaire, mais comme de la constitution de pension. Cette cotisation est peu ou insuffisamment appréciée, mais aussi trop méconnue. Je pense que les relevés annuels sont trop difficiles à comprendre, et donc pas assez accessibles. Selon moi, nous devrions communiquer de manière beaucoup plus transparente sur les cotisations et le capital de pension constitué, dans un langage que tout le monde comprend​."

Les travailleurs assurés collectivement chez AG disposent d'une application accessible qui leur permet de voir à tout moment ce que l'employeur verse et à combien s'élève leur capital de pension actuel.

Hans Maertens: "Oui, et c'est très important. Toutes les initiatives prises par un fonds de pension ou un assureur pour accroître la transparence dans ce domaine sont les bienvenues. Pour montrer les montants versés et ce que cela signifie à long terme. Je pense que nous devrions oser parler beaucoup plus souvent de la question des pensions, en particulier auprès des jeunes de 20 à 30 ans. Car en 2050, ils seront des quinquagénaires ou des sexagénaires​."

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Découvrez comment 

De nombreuses réformes, donc. Il semble qu'une politique de pension stable ne soit pas pour tout de suite ?

Hans Maertens: "J'espère que nous aurons un gouvernement réformateur fort. Avec un ministre des pensions fort qui défend une réforme durable. Il y a suffisamment de rapports, d'études et de plans sur la table du gouvernement, y compris de la commission sur le vieillissement, des universités... Il faut maintenant passer à l'action, de préférence au cours d'une seule législature. Si on l'étend sur plusieurs législatures, cela se traduira par une politique de stop & go. Il faut s'y atteler concrètement au cours des deux premières années, et cela fera certainement mal. Tout comme beaucoup d'autres choses feront mal sous le prochain gouvernement. Quand on voit le déficit public et les défis que nous avons à relever en termes de pensions et de soins de santé... Nous allons vraiment devoir nous attaquer à tout cela au cours d'une seule législature. Pour cela, nous aurons besoin d'un gouvernement fort, d'un accord de coalition fort. Et audacieux !"

Vous évoquez à juste titre les défis qui se posent dans le domaine des soins de santé. Les chiffres de l'absentéisme restent très élevés. Comment pouvons nous endiguer cette tendance ?

Hans Maertens: "Il y a deux grandes réponses à ce problème. La première porte sur la prévention. Nous devons éviter qu'un si grand nombre de personnes tombent malades. Aujourd'hui, 1,6 % du budget de la santé est consacré à la prévention dans ce pays. C'est trop peu, surtout si l'on compare avec les chiffres internationaux et les recommandations de l'Organisation Mondiale de la Santé. Il devrait passer à 5 %. Une augmentation de 3,4 % ne signifie pas nécessairement des coûts supplémentaires. En effet, ce que nous investissons dans la prévention nous rapporte le double, car cela réduit le nombre de malades. Nous ne devrions donc pas nous contenter d'essayer de réduire le nombre d'accidents du travail, mais nous investir réellement dans la santé. 

Le deuxième volet concerne le demi-million de malades de longue durée dans notre pays. Nous avons désormais plus de malades de longue durée que de chômeurs, ce qui représente un coût très élevé et un défi de taille. Sur le lieu de travail, la perte de productivité est importante et il n'est pas rare de devoir remplacer des collègues. Je pense que personne n'aime rester à la maison malade. Une grande partie des gens concernés sont en mesure de reprendre temporairement et/ou partiellement le travail à un moment ou à un autre. Peut-être à une autre fonction, voire dans une autre entreprise. Mais aujourd'hui, nous sommes dans un système où l'on est soit malade, soit en bonne santé. Entre les deux, il n'y a rien. C'est pourquoi nous préconisons un système qui associe aux certificats médicaux une fit note, comme c'est le cas aux Pays-Bas. Une prescription de ce que l'on peut encore faire, comme travailler un ou deux jours par semaine, un travail plus léger, quelques heures par jour... Il y a tant de possibilités. Il faut se concentrer sur ce qu'une personne peut encore faire, plutôt que sur ce qu'elle n'est plus capable de faire.

Nous estimons également que le médecin du travail n'est pas suffisamment impliqué dans le processus de guérison. Les travailleurs malades sont traités par leur médecin traitant ou par un spécialiste, qui juge s'ils sont aptes à reprendre le travail ou non, sans connaître le travail et l'entreprise. C'est pourquoi nous voulons renforcer le rôle du médecin du travail. Un premier contact devrait déjà avoir lieu après quatre semaines de maladie, à l'aide d'un questionnaire médical, afin d'envisager un plan de réintégration et des accords concrets. Il ne doit pas seulement être question de reprise partielle du travail ou de travail adapté, mais aussi, par exemple, de formations en vue d'une réorientation. Aujourd'hui, une personne qui n'est plus en mesure d'exercer son métier continue de percevoir des prestations de maladie et d'invalidité, même si elle est capable d'exercer d'autres activités."

​"Aujourd'hui, 1,6% du budget de la santé est consacré à la prévention dans ce pays. C'est trop peu. Il devrait passer à 5 %​." 

Les ambitions pourraient donc être revues à la hausse ?

Hans Maertens: "Effectivement. Si 500.000 Belges en âge de travailler sont en absence maladie de longue durée et que tout le monde ne reprendra pas le travail parmi les 15.000 trajets en cours − parce que ça ne fonctionne pas toujours −, il n'y a pas de quoi s'extasier. C'est pourquoi nous proposons un objectif de 40.000 à 50.000 trajets par an."

Vous estimez donc que l'employeur a également un rôle actif à jouer ?

Hans Maertens: "Il est effectivement nécessaire que les employeurs coopèrent aux programmes de réintégration et contribuent à la réflexion sur la manière dont les collaborateurs peuvent reprendre le travail en totalité, en partie ou temporairement dans une nouvelle fonction. Ces défis sont tout aussi importants pour les départements HR. C'est pourquoi le Voka a rédigé un document contenant de nombreuses recommandations à l'intention des entreprises (Voka wijzer). Cependant, certaines maladies sont ce qu'elles sont, et lorsque des personnes en âge de travailler sont réellement incapables de faire quoi que ce soit, je pense que c'est particulièrement grave. Mais certains malades devraient vraiment pouvoir être réintégrés sur le marché du travail. Et cela nécessitera une grande flexibilité de tous les côtés. Les systèmes et les trajets actuels peuvent être considérablement améliorés et étendus, en renforçant le rôle du médecin du travail. En fin de compte, tout le monde y gagnera."

Le médecin du travail aura-t-il suffisamment de temps pour assumer ce rôle plus important ?

Hans Maertens: "Les médecins sont également devenus une profession en pénurie. Et la question est de savoir si nous ne devrions pas redéfinir la profession de médecin ? On peut imaginer qu'ils soient assistés par des infirmières pour de nombreuses tâches. Bien entendu, la pénurie d'infirmières doit également être abordée. En bref, si nous voulons réduire de façon permanente ce chiffre de 500.000 malades de longue durée, nous devons réformer l'ensemble du système de soins de santé. Le prochain gouvernement devra donc faire preuve d'audace et prendre des mesures immédiates !"

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