Une vision de l’économie livrée par Wim Vermeir. - AG Employee Benefits
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Publié le 10-10-2017

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Wim Vermeir, CIO d’AG Insurance, nous livre sa vision de l’avenir de l’économie


Le moins que l’on puisse dire est que l’économie et la politique mondiales viennent de traverser des moments des plus intéressants. Après une période prolongée de taux d’intérêts faibles, pour ne pas dire historiquement faibles, nous assistons désormais à une reprise. Sur le plan politique, nous avons vécu le Brexit et l’élection de Trump, suivis par l’arrivée au pouvoir de Macron en France. Wim Vermeir, Chief Investment Officer d’AG Insurance, porte un regard sur le passé… et sur l’avenir.


Wim, quelles sont les tendances économiques actuelles ?

« Le scénario est en pleine mutation. Nous étions autrefois dans la crainte d’une croissance trop faible et de crises politiques, mais les cartes ont été redistribuées. Les chiffres de croissance sont bons, les entreprises investissent à nouveau et les exportations européennes ont repris du poil de la bête… Par ailleurs, les risques politiques qui nous inquiétaient aux Pays-Bas et en France ne se sont finalement pas produits et les sondages réalisés en Allemagne confirment ce scénario.
Désormais, l’incertitude est plutôt localisée en dehors de l’Europe, avec le Brexit et Donald Trump. Ce dernier est plutôt imprévisible, ce qui peut susciter de la volatilité et des chocs. Toutefois, jusqu’à présent, ses réalisations dans la pratique ne sont pas si extrêmes. Par ailleurs, ses mesures protectionnistes ont, pour l’heure, resserré les liens au sein de l’Europe : les États-membres sont actuellement plus proches qu’avant l’élection de Trump. »


" Les mesures protectionnistes de Trump ont, pour l’heure, resserré les liens au sein de l’Europe ."


La Belgique suit-elle la ligne de l’Europe ?

« Oui. Il est toutefois important que la Belgique garde le contrôle sur ses dettes et continue à veiller à la maîtrise de son budget. Parallèlement, des mesures structurelles s’imposent pour augmenter le nombre de personnes actives – et pour qu’elles le restent ! – et renforcer la compétitivité. À long terme, la Belgique ne peut pas se permettre de rater le coche. »


Où se situent alors les risques actuellement ?

« Nous avons récemment assisté à une manœuvre historique : les banques centrales ont racheté en masse des obligations sur les marchés financiers. Cette mesure, le « quantitative easing », a permis de conserver les taux sur les obligations d’État à un niveau artificiellement bas. Maintenant que la situation économique s’améliore, une telle présence de la BCE sur les marchés n’est plus indispensable. Et lorsqu’un acteur de cette taille quitte le marché, cela peut susciter des remous. Nous pouvons comparer ce départ aux petites roues d’un vélo d’enfant : si vous les enlevez, vous créez une incertitude quant au moment de « lâcher prise », et on se demande si cette manœuvre est suffisamment progressive. Cependant, le fait que les banques centrales puissent procéder de la sorte est un bon signe. En effet, cela signifie, sur le plan cyclique, que l’économie se rétablit et que ces mesures exceptionnelles – le rachat massif d’obligations – peuvent être arrêtées. Les taux pourront alors légèrement augmenter. Sur le plan structurel, toutefois, nous nous situons toujours dans un environnement de croissance assez limitée, et l’inflation reste faible (environ 1 %), et ce même aux États-Unis, où la relance économique a pourtant débuté plus tôt.
La hausse des taux ne devrait donc pas être brutale et marquée. Nous nous attendons plutôt à une augmentation limitée mais, à court terme, il pourrait y avoir quelques chocs au niveau de l’évolution des taux. »


" Je ne m’attends pas à une augmentation brusque des taux, mais plutôt à une augmentation limitée."


Comment les différents types d’actifs réagiront-ils à cette croissance ?

« La valorisation actuelle de tous les actifs est assez élevée. Si l’on compare le rendement supplémentaire sur des obligations plus risquées avec celui des obligations d’État, on peut dire que la valorisation est correcte. La faiblesse des taux des obligations d’État est un problème, mais ces taux vont se rétablir.
Nous nous attendons à une évolution positive au niveau des actions. La valorisation des actions européennes est moyenne, et celle des emerging markets est même un peu plus avantageuse. Les États-Unis sont plus chers, mais pas de manière excessive. Le potentiel des actions américaines restera dès lors plus limité.
La valorisation des obligations des entreprises reste correcte. La différence par rapport aux obligations d’État est acceptable, sauf pour les entreprises présentant un risque de crédit plus élevé. À ce niveau, nous estimons que la prise de risque n’est plus rémunérée.
En raison des rachats par les banques centrales, les prix des obligations d’État sont trop élevés. Quelques taux négatifs subsistent dans les pays centraux, comme l’Allemagne et les Pays-Bas. Il faut également rester vigilant dans des pays présentant un risque plus élevé, comme l’Italie ou le Portugal. Par contre, nous sommes moins négatifs à l’égard de l’Autriche, la Belgique, l’Irlande et l’Espagne : leurs obligations d’État proposent un meilleur rendement et on constate que ces pays ont pris les mesures nécessaires pendant la crise, ce qui a permis d’y faire baisser le taux de chômage. »


Les OLO sont récemment reparties à la hausse après avoir été historiquement basses. Comment expliquer cela ?


« D’une part, l’économie affiche une croissance avec une inflation nulle, ou bien inférieure au passé. D’autre part, il y a l’aspect cyclique : l’économie était retombée à un niveau de croissance très faible, avec un taux de chômage élevé. Enfin, il y avait la politique monétaire des banques centrales européennes, avec les taux d’intérêt négatifs et le quantitative easing (QE). Tous ces facteurs, qui ont par ailleurs persisté pendant une longue période, ont amené les OLO à un niveau historiquement bas, et ce n’est que récemment qu’elles ont réamorcé une hausse.
La situation se normalise légèrement. En effet, une partie des stimuli des banques centrales diminuera, et nous renouerons tout de même avec une reprise sur le plan cyclique. L’augmentation progressive des taux se poursuivra, éventuellement avec quelques chocs.
En Belgique, le taux s’élève à environ 0,75 %. En cas de disparition du QE, il pourra déjà à court terme repartir à la hausse. L’augmentation suivante pourrait intervenir lorsque la Banque Centrale relèvera le niveau de son taux à court terme. Cependant, nous ne nous attendons pas à une telle manœuvre dans les deux prochaines années. Et même dans ce cas, la croissance structurelle restera limitée. Dès lors, nous ne voyons pour l’instant aucune raison de nous attendre à une envolée des taux. »